Si vous vous rendez dans le Relais de la Rivière, et que vous posez des questions au sujet de Clephte, nul doute que vous aurez droit à des soupirs affligés et à des hochements de tête entendus. Installez-vous à la table des vieux du village, et vous aurez leurs commentaires en prime.

Ce gamin a mal tourné. C'était forcé, sans père pour lui servir de modèle... Et sa mère était bien gentille, elle faisait de son mieux, mais elle n'avait pas la poigne qu'il faut pour tenir un garçon.

Pourtant... De père, Clephte avait connu bien plus qu'un nom. Mahang, un Sheikah, tombé amoureux d'une paysanne. Un Sheikah qui était venu vivre avec elle quelques années. Puis son village lui avait trop manqué, et il était parti. Des monstres avaient-ils eu raison de lui sur le trajet ? Les avait-il oubliés ? Il n'était jamais revenu...

Mais son fils avait déjà dix ans, et avait eu le temps d'apprendre beaucoup de choses de sa part. La plus importante était, sans conteste, de marcher silencieusement et d'être suffisamment discret pour pouvoir voler de la nourriture, un peu n'importe où, sans se faire prendre.

Par contre, il était indéniable que Clephte avait mal tourné. A partir du moment où les propriétaires du relais voulurent le "cadrer", comme ils disaient, il se montra particulièrement rétif à toute forme d'autorité. Pris à voler quelques pommes dans leurs réserves, il se retrouva embauché comme apprenti, pour lui apprendre la valeur du travail. Tout ce qu'il apprit, selon lui, fut qu'il détestait recevoir des ordres et qu'on lui dise comment vivre.

Il avait tout juste seize ans lorsqu'il abandonna pour de bon et s'enfuit de chez lui. Abandonner le relais signifiait également abandonner sa mère, mais il la laissa derrière lui sans hésitation, prêt à ce sacrifice pour vivre libre. Fort de son expérience, il la mit à profit pour survivre en faisant les poches des voyageurs, sous couvert de leur proposer ses services de guide.

S'il fut bientôt repéré par tous les habitués de la région, il eut la chance de ne pas avoir été remarqué que par eux. Et, alors que les quelques gardes patrouillant dans la région commençaient à lui donner la chasse, il fut approché, un an après sa fugue, par une bande de brigands, intéressés par ses talents.

Quelques mois plus tard, un pillage lui amenait un butin tout particulièrement intéressant. Tous ses compères avaient délaissé ce gant, sans comprendre pourquoi il était précieusement conservé. Un gant de pyromancie... Et il se rendit rapidement compte qu'il parvenait à s'en servir, sans doute grâce à ses origines sheikahs.

Apprendre à le manier correctement fut laborieux, et lui coûta plusieurs fois des vêtements, voire quelques mèches de cheveux. Le fait de devoir tâtonner pour comprendre n'aidait pas, mais il parvint finalement à s'en tirer plutôt bien. Et sa pyromancie leur rendit des services suffisants pour que le chef de la bande lui offre une épée électrique, pour compléter sa panoplie de mage.

Sa nouvelle stature au sein du groupe lui avait donné confiance en lui, et commencèrent une série d'altercations avec le chef, qui n'appréciait pas de le voir aussi affirmé dans ses avis. La plus grave arriva lorsqu'ils trouvèrent, dans les bois, une enfant d'une dizaine d'années. Sale, affamée, mais le regard brillant. Leur chef voulut la refouler loin de leur repaire, et Clephte exigea qu'ils l'aident.

La dispute, cette fois, en vint aux armes. Le chef dégaina son épée, et Clephte le carbonisa sur place par un surdosage involontaire de sa pyromancie - il désirait, initialement, simplement l'obliger à lâcher son arme. A partir de ce jour, et en dépit de son jeune âge, il récupéra la tête de la bande.

Lors de l'avènement du Grand Chancelier, qui suivit l'arrivée du Fléau, Clephte ne réagit pas. Que les nobles se battent entre eux, que la personne tirant les rênes du pouvoir change... En quoi cela concernait-il des hors-la-loi comme eux ? Son avis changea lorsque le nouveau dirigeant fit appel aux brigands pour se mettre à son service. Une offre qui pouvait paraître alléchante, le pardon de tous leurs actes et la promesse évidente de leur permettre de continuer à s'amuser. Et nombre de bandits se présentèrent à lui.

Et cela... Cela, Clephte ne pouvait pas le supporter. Qu'autant de bandits consentent à devenir de simples chiens en laisse, sous prétexte que la laisse était assez longue pour les laisser se faire les dents sur quelques pauvres gens... Alors il décida d'agir. De se rebeller réellement contre le pouvoir, pour lui montrer ce qu'était un hors-la-loi.

Anciennes incarnations

Lors de la seconde guerre démoniaque, Clephte habitait dans un village vivant de rapines. Puis son village décida de se mettre sous les ordres de Ghirahim, et Clephte, refusant catégoriquement de perdre son indépendance, abandonna son lieu natal, avec un groupe prêt à le suivre, pour se lancer sur les routes dans une guérilla contre Ghirahim.